mardi 24 avril 2012

Les leçons de tante Alicia

Au moment de partir en vacances avec ma fille, mon beau-fils me confia le mandat de corriger la mauvaise tenue à la table de Fanny. Mon adorable petite-fille exprimait son passage à l’adolescente par un relâchement des bonnes manières. Si peu à mon sens, mais toujours trop pour le père idéaliste.

Comment faire? L’inspiration me vint du film Gigi que nous venions de revoir la veille sur le petit écran. Dans Gigi, la grand-mère constate que sa petite-fille qu’elle élève adopte des allures garçonnes. Pour en faire une jeune fille accomplie, elle confie son éducation à sa sœur, tante Alicia, une vraie femme du monde. Celle-ci reçoit la petite tous les jeudis, jour de congé scolaire. Les leçons de tante Alicia comportent des sujets très simples comme l’art de manger des ortolans, de présenter un cigare à son prétendant, de reconnaître les pierres précieuses parfaites, des bonnes manières à la table qui vont du choix de la porcelaine et de l’argenterie au cristal de la verrerie. Leçons très pratiques pour notre époque! M’en inspirer, sans plus, il va de soi.

L’ancienne institutrice en moi reprit du galon. J’inventai un jeu. Bien en vue sur le réfrigérateur j’affichai un grand carton quadrillé aux sept jours de la semaine titré Les leçons de tante Alicia. Chaque jour comportait une leçon.

La première leçon fut la tenue du dos à la table. Fanny étudiante en ballet a vite repris sa pose correctement. La deuxième portait sur la façon de tenir son couteau et sa fourchette. Une simple remise à jour d’une chose depuis longtemps acquise. La plus amusante fut celle de boire son lait sans faire de moustache. Les talents d’actrice de Fanny s’en sont donnés à cœur joie devant ses grands-parents hilares. La leçon des coudes à ne pas mettre sur la table sembla plus difficile à assumer. Celle de dire s’il vous plait et merci à la personne qui sert alla de soi. De même converser respectueusement avec les convives. Pas toujours évident quand un frérot taquin est en face. La dernière leçon rappelait qu’on doit demander la permission pour se retirer de table si nécessaire.

Chaque soir, après évaluation, Fanny choisissait une gommette qu’elle collait sur le carreau de la leçon bien apprise. À la toute fin, comme elle avait réussi jour après jour toutes les épreuves Fanny reçut un cadeau substantiel de la grand-mère.

Restait le jugement ultime, celui des parents.

Certificat accordé avec grande distinction.

mardi 3 avril 2012

Éclairage

Soir du 5 octobre 2011. Le World accoste à Trieste. Nous descendons faire une première exploration de cette ville portuaire.

En quelques pas nous sommes déjà sur la Place de l’Unité italienne, la plus grande place d’Europe qui s’ouvre sur la mer selon le guide Michelin.

Dans ce quadrilatère s’y déploient harmonieusement éclairés édifices publics et palais néo-renaissance. La place est peu fréquentée à cette heure. Nous pouvons admirer à loisir les détails architecturaux inspirés de la Grèce antique. Les ordres classiques se côtoient sans surcharge. Parmi eux un édifice vénitien couvert de mosaïques brille de mille feux. Une splendeur!

Nous y reviendrons. Mais pour l’heure nous partons à la recherche d’un restaurant. Nous explorons les alentours. Dans une rue piétonnière nous résistons à l’attrait des vitrines des boutiques, succombons à l’appel d’un café-terrasse illuminé de lanternes pour notre premier repas à l’italienne.

Avant de remonter à bord nous passons de nouveau à travers la grande place toujours resplendissante sous ses feux.

Le lendemain, en direction vers la haute ville pour les vestiges laissés par les Celtes et les Romains, pourquoi ne pas repasser par la Place de l’Unité italienne? J’en ai rêvée. Étrange, il me semble qu’elle a perdu de son opulence. Les monuments sont là, mais l’atmosphère a changé. Je m’interroge. Que manque-t-il ?

L’éclairage !

Vienne la nuit qui lui redonnera sa splendeur !