En vidant ma valise, au retour d’un voyage en France, je constate qu’il me manque une jaquette. Ma plus belle. Celle brodée, en fin coton, de style victorien.
Je ne sais trop où je l’ai oubliée, mais je pense que c’est lors d'une des dernières étapes : Aix ou Arles en Provence, ou Briançon dans les Hautes-Alpes.
Il est vrai que chaque hôtel possède bien notre adresse grâce à la fiche que Claude a rempli lors de notre arrivée, mais il est vrai également qu'aucun hôtelier d'expérience, tout honnête qu'il soit, n'oserait de son propre chef renvoyer des dessous féminins oubliés par un couple de voyageurs. Discrétion du métier oblige. Car faut-il le rappeler, il arrive parfois que certains couples mentent. J'imagine sans peine l'embarras du mari, comme ce malheureux homme contraint par ses affaires de s'absenter au loin quelques jours sans sa chère moitié, si un paquet contenant de pareilles frivolités était livré à son domicile.
— Chéri, tu peux m'expliquer pourquoi on a trouvé cette jaquette dans ta chambre ?
Trêve de plaisanterie, je tente donc ma chance. J’écris aux trois hôtels où nous sommes descendus dans ces villes. Qui sait ? Le personnel de l’un d’eux l’a probablement trouvée ?
La chance me sourit. Quelques semaines plus tard je reçois de Briançon un colis contenant ma chemise de nuit, lavée, repassée et enveloppée de papier de soie. Un vrai cadeau!
Avec mes remerciements à l’aubergiste je promets de recommander chaleureusement Briançon et leur honnête auberge aux amis.
Briançon, ville d’art et d’histoire, inscrite au Patrimoine de l’UNESCO par ses fortifications de Vauban, vaut le détour.
Elle est si ensorcelante qu’elle me fit même perdre la tête.
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre.
Ce temps où les hôpitaux n’étaient pas devenus des lieux de passages rapides. Par exemple lorsqu’on y accouchait, on y restait cinq ou six jours. On s’y amenait avec une petite valise contenant effets personnels et jaquettes.
La jaquette de l’hôpital (cette indécente fendue dans le dos) ne se portait que la journée de l'accouchement. Les jours suivants où nous nous reposions nous portions nos jolies chemises de nuit dès le matin pout la visite du médecin et autres visiteurs.
Je me rappelle qu'un jour à la maison j'avais oublié de prendre une jaquette avant d’aller au bain. Me sentant inconvenante de sortir nue devant les enfants, j’appelle Claude à la rescousse.
— Veux-tu m'apporter une jaquette que tu trouveras dans le tiroir du milieu de la commode ?
Mon homme s’amène avec deux chemises de nuit et demande d’un air moqueur :
— Celle pour le mari ou celle pour le docteur ?
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